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lonté que j’ai tant désirées pour toi et sans lesquelles nous ne sommes toute la vie que de grands enfants. Courage, oh ! courage, mon bien bon ami ! Oui, la loi du devoir est immuable, et lorsqu’elle parle on ne peut sans crime rejeter ses suggestions. Quoique je prenne des précautions pour que ces lignes ne passent que sous tes yeux, je n’ose y parler en toute liberté. Je te dirai seulement que le projet de prendre tes grades a plus que mon approbation, qu’il a toutes mes sympathies, que c’est celui qui me sourit le plus, celui qui me donnerait pour toi le plus de tranquillité, qu’il n’est rien que je ne sois disposée à faire pour le seconder. Tu as raison : c’est un honnête homme celui qui, dans la position où il se trouve, a pu te donner un tel conseil ; s’il n’y a pas d’obstacle insurmontable, écoute et suis ce sage avis. — Ton plan de retourner à Paris avant la fin des vacances, est parfaitement bon et raisonnable ; mais il faut absolument, mon ami, que tu prennes un logement libre, non seulement pendant l’espace de temps dont tu me parles, mais bien au delà, si cela devient nécessaire. Pas de voies détournées, pas de