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II


A partir de ce moment, notre état fut la pauvreté. Mon frère, qui avait dix-neuf ans, partit pour Paris et commença dès lors cette vie de travail et de constante application qui ne devait pas avoir toute sa récompense. Nous quittâmes Tréguier, dont le séjour avait pour nous trop de tristesse, et nous allâmes habiter Lannion, où ma mère avait sa famille. Ma sœur avait dix-sept ans. Sa foi était toujours vive, et plus d’une fois la pensée d’embrasser la vie religieuse avait fortement préoccupé son esprit. Le soir, en hiver, elle m’amenait à l’église sous son manteau ; c’était pour moi