Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques années dans la société de Saint-Sulpice, où je suis sur d’être reçu à bras ouverts, d’après les propositions même assez explicites que j’en ai reçues, mais auxquelles je n’ai eu garde de rien répondre. Comme ces messieurs ne sont chargés que des grands séminaires, le professorat n’y a pas les épines que présente nécessairement l’enseignement élémentaire et classique. Mais je n’y entrerais qu’à la condition de n’être employé que dans les séminaires du diocèse de Paris, et avec l’intention de m’en retirer au bout de quelques années, comme le font la plupart de ceux qui s’y attachent ; car, quoique la réunion de ces messieurs porte le nom de société, parmi eux comme parmi les élèves, la juxtaposition est le seul lien d’agrégation, il n’y a ni engagement ni promesses.

Sans cela, je n’en voudrais pour rien au monde ; je veux absolument me réserver l’espérance de mener un jour cette vie solitaire et privée qui, dans un cercle peu nombreux, mais préside par l’amitié, a tant de charmes pour celui qui sait penser et sentir. O ma bonne Henriette, c’est là que je te retrouve comme élément nécessaire de mon bonheur !