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I


Ma sœur Henriette naquit à Tréguier le 22 juillet 1811. Sa vie fut de bonne heure attristée et remplie d’austères devoirs. Elle ne connut jamais d’autres joies que celles que donnent la vertu et les affections du cœur. Elle tenait de notre père une disposition mélancolique, qui lui laissait peu de goût pour les distractions vulgaires, et lui inspirait même une certaine disposition à fuir le monde et ses plaisirs. Elle n’avait rien de la nature vive, gaie, spirituelle que ma mère a conservée dans sa belle et forte vieillesse. Ses sentiments religieux, d’abord renfermés dans les formules du catholicisme, furent toujours