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un peu, est-ce que tu n’aurais pas quelque lueur d’espoir d’un voyage en France avant quelques années, soit en accompagnant tes élèves, ou la famille, ou autrement ? Tu m’en avais parlé lors de ton départ. Cette pensée me revient très souvent. Dis-moi si c’est un rêve.

Adieu, ma chère, mon excellente Henriette. Puisque l’unique consolation ici-bas est d’aimer et d’être aimé, aimons-nous sans réserve. Espérons aussi : espérer est toujours un bonheur et souvent un acte de courage. Soutenons-nous par ces pensées : pour moi, je n’aurai jamais de peine incurable tandis que je pourrai m’appuyer sur ton affection. Puisses-tu comprendre combien je sais la reconnaître !

E. RENAN.