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trouvé de plus positif. Je t’en prie, ne parle pas à maman de ces hésitations ; si elles n’ont d’autre résultat que de me confirmer dans les dispositions du passé, il vaut mieux qu’elle les ignore : elles lui causeraient de l’inquiétude ; toutefois, ne crois pas qu’elle ait jamais influencé mes décisions sur ce point ; on ne peut désirer une liberté plus entière que celle qu’elle m’a laissée.

J’ai reçu, avant-hier, une lettre de cette bonne mère ; elle m’y paraissait contente et en bonne santé : la veille, j’en avais reçu une d’Alain, également satisfaisante, sauf, toutefois, le torrent d’occupations dont il se plaignait et qui ne lui laissaient pas un moment de liberté. Quand donc ce pauvre Alain jouira-t-il d’un peu de repos et de lui-même ! — Je me flatte de recevoir bientôt une lettre de toi : j’ai bien quelque crainte, en t’expédiant celle-ci, qu’elle ne puisse te parvenir ; je l’affranchis toujours jusqu’à Huningue, peut-être vaudrait-il mieux prendre une autre frontière. Dis-le-moi dans ta prochaine.

Adieu, ma bonne et chère Henriette ; quand même tout l’univers serait entre nous,