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ches. D’ailleurs, ma bonne Henriette, comment me plaindre quand je pense à toi et au courage avec lequel tu supportes ton exil, bien plus long et plus pénible que le mien, qui, après tout, n’en est un que par mon éloignement des objets que j’aime.

Du reste, Issy est fort propre à passer d’agréables vacances. La position en est agréable, le parc vraiment délicieux. On y jouit d’un repos et d’une tranquillité qui entrent merveilleusement dans mes goûts. On peut y penser et y étudier à son aise. La société y est assez choisie, on y trouve même d’agréables délassements, et la liberté y est pleine et entière. Du reste, je m’y trouve si bien que j’ai peine à en sortir, comme pendant l’année, où il m’arrivait de passer des trois et quatre mois sans sortir de la maison. Les courses par ici sont si longues et pour moi presque toutes si indifférentes depuis ton départ, que je manque de courage toutes les fois qu’il faut sortir, et que je me réduis au strict nécessaire en fait de visites.

Nous avons couronné dernièrement notre première année de philosophie et de mathé-