Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seconde mère ; aussi, avec notre bonne mère et notre cher Alain, tu partages toutes mes affections. J’ai souvent pensé que c’est un grand bonheur pour nous, condamnés à vivre séparés, de nous aimer comme nous le faisons. La peine de la séparation en est mille fois diminuée. Tâche de couvrir en quelque manière ton éloignement de Vienne à notre chère maman : atténue-lui la distance ; j’ai été témoin durant les vacances de l’impression que faisaient sur elle tous ces voyages. Épargnons-lui autant que nous le pouvons toutes les inquiétudes : après une vie aussi agitée que la sienne, elle a bien besoin d’un peu de repos.

Adieu, ma chère Henriette. Ta pensée est mon plus cher entretien : le plaisir que je ressens en recevant ta lettre est bien troublé, quand je songe que plusieurs mois s’écouleront peut-être, avant que j’en reçoive une autre. Maintenant que tu sais mon adresse, procure-moi ce plaisir un peu plus souvent. Directement, indirectement, peu importe, pourvu que je les reçoive. Adieu encore une fois ; tu sais combien mon cœur t’aime : tou-