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excessivement rare, ce qui est un vrai prodige pour un séminaire.

Il ne me manquerait que tes chères visites pour compléter l’ensemble de ma vie ; mais je t’avoue que j’éprouve un grand vide de n’avoir personne à qui je puisse dire un petit mot de ceux que j’aime. Aussi les lettres font mon bonheur. Alain t’a-t-il parlé du projet qu’il avait de se réunir à notre chère maman ? Il m’en dit un mot lorsque je le vis à la fin des vacances ; depuis lors, je n’en ai rien entendu. Je désire pour ma part qu’il le mette à exécution, car la vie de notre pauvre mère est vraiment bien triste et bien isolée.

Je te remercie, ma bonne Henriette, de ton attention à songer à moi. Ton billet arrivera fort à propos : car, quoique notre chère maman m’ait fait, il y a peu de temps, une remise, comme j’ai été obligé d’acheter une soutane, etc., elle s’est trouvée assez vite à fond. Il me permettra aussi de monter ma bibliothèque allemande, dont l’insuffisance paralyse en partie mes progrès. Je te devrai tout, ma pauvre Henriette : tu auras été ma