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avait accompli en Arabie, avant Mahomet, d’immenses conquêtes; une foule d’Arabes s’y étaient rattachés. Il n’a tenu qu’à un fil que l’Arabie ne soit devenue juive. Mahomet a été juif à une certaine époque de sa vie, et on peut dire, jusqu’à un certain point, qu’il l’est resté toujours. Les Falaschas, ou juifs d’Abyssinie, sont des Africains, parlant une langue africaine et lisant la Bible traduite en cet idiome africain.

Mais il y a un événement historique plus important, plus rapproché de nous, et qui semble avoir eu des suites très graves : c’est la conversion des Khozars, sur laquelle nous avons des renseignements précis. Ce royaume des Khozars, qui occupait presque toute la Russie méridionale, adopta le judaïsme vers le temps de Charlemagne. À ce fait historique, se rattachent les karaïtes de la Russie méridionale et ces inscriptions hébraïques de la Crimée où, dès le VIIIe siècle, on trouve des noms tatars et turcs, tels que Toktamisch. Est-ce qu’un juif d’origine palestinienne se serait jamais appelé Toktamisch, au lieu de s’appeler Abraham, Lévy ou Jacob ? Évidemment non ; ce Toktamisch était un Tatar, un Nogaï converti ou fils de converti.

Cette conversion du royaume des Khozars a une importance considérable dans la question de l’origine des juifs qui habitent les pays danubiens et le midi de la Russie. Ces régions renferment de grandes masses de populations juives qui n’ont probablement rien ou presque rien d’ethnographiquement juif. Une circonstance particulière a dû amener dans le sein