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cette grande ville d’Antioche, était, à cette époque, encore à peine faite.

Grégoire de Tours nous a conservé, sur le judaïsme dans les Gaules, des renseignements inappréciables. Il y avait beaucoup de juifs à Paris, à Orléans, à Clermont. Grégoire de Tours les combat comme des hérétiques. Il ne se doute pas que ce sont des gens d’une autre race. Vous me direz que l’ethnographie n’était pas très familière à un esprit aussi simple. Cela est vrai ; mais d’où venaient ces juifs d’Orléans et de Paris ? Pouvons-nous supposer que tous fussent les descendants d’Orientaux venus de Palestine à une certaine époque, et qui auraient fondé des espèces de colonies dans certaines villes ? Je ne le crois pas. Il y eut sans doute, en Gaule, des émigrés juifs, qui remontèrent le Rhône et la Saône, et servirent en quelque sorte de levain ; mais il y eut aussi une foule de gens qui se rattachèrent au judaïsme par conversion et qui n’avaient pas un seul ancêtre en Palestine. Et quand on pense que les juiveries d’Allemagne et d’Angleterre sont venues de France, on se prend à regretter de n’avoir pas plus de données sur les origines du judaïsme dans notre pays. On verrait probablement que le juif des Gaules du temps de Gontran et de Chilpéric n’était, le plus souvent, qu’un Gaulois professant la religion israélite.

Laissons de côté ces faits obscurs ; il y en a de beaucoup plus clairs, d’abord la conversion de l’Arabie et de l’Abyssinie, qui n’est niée par personne. Le judaïsme