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amenés par les Assyriens n’aient introduit dans la masse israélite beaucoup d’éléments qui n’avaient rien de commun avec elle.

Arrivons à l’époque grecque et romaine. C’est le moment où le prosélytisme juif arrive à la plus complète expansion ; c’est le moment aussi où l’ethnographie du peuple juif, jusque-là renfermée dans des limites assez resserrées, s’élargit tout à fait et admet une foule d’éléments étrangers. Je parle à des personnes trop instruites pour qu’il me soit nécessaire d’insister sur les détails. Tout le monde sait combien fut active cette propagande juive, durant l’époque grecque, à Antioche et à Alexandrie.

En ce qui concerne Antioche, je voudrais appeler votre attention sur un passage de Josèphe qui m’a toujours paru fort curieux. C’est dans la Guerre des Juifs, livre VIIe, chapitre III, paragraphe 3. Josèphe parle de la prospérité extraordinaire de la juiverie d’Antioche, et il dit (je vous traduis littéralement ses paroles) :

« Ayant amené à leur culte un grand nombre d’Hellènes, ils en firent une partie de leur communauté. »

Il ne s’agit donc pas ici seulement d’hommes menant la vie juive, comme cela eut lieu à Rome plus tard, de prosélytes incirconcis ; non, ce sont des Hellènes en grand nombre (πολύ πλῆθος), qui se convertissent au judaïsme et qui font partie de la synagogue. Ce ne sont pas ici des demi-juifs, comme