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fera les apôtres et les martyrs, était fondée. Une profonde pitié pour les païens, quelque brillante que soit leur fortune mondaine, est désormais le sentiment de tout juif. Par un cycle de légendes, destinées à fournir des modèles d’inébranlable fermeté (Daniel et ses compagnons, la mère des Macchabées et ses sept fils, le roman de l’Hippodrome d’Alexandrie), les guides du peuple cherchent surtout à inculquer cette idée que la vertu consiste dans un attachement fanatique à des institutions religieuses déterminées.

Les persécutions d’Antiochus Épiphane firent de cette idée une passion, presque une frénésie. Ce fut quelque chose de très-analogue à ce qui se passa sous Néron, deux cent trente ans plus tard. La rage et le désespoir jetèrent les croyants dans le monde des visions et des rêves. La première apocalypse, le « Livre de Daniel » parut. Ce fut comme une renaissance du prophétisme, mais sous une forme très-différente de l’ancienne et avec un sentiment bien plus large des destinées du monde. Le