Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée

trangers. Mais il croyait aussi que la religion du vrai Dieu n’était faite que pour lui seul. On embrassait le culte de Jéhovah quand on entrait dans la famille juive ; voilà tout. Aucun israélite ne songeait à convertir l’étranger à un culte qui était le patrimoine des fils d’Abraham. Le développement de l’esprit piétiste, depuis Esdras et Néhémie, amena une conception beaucoup plus ferme et plus logique. Le judaïsme devint la vraie religion d’une manière absolue ; on accorda à qui voulut le droit d’y entrer ; bientôt ce fut une œuvre pie d’y amener le plus de monde possible. Sans doute, le sentiment délicat qui éleva Jean-Baptiste, Jésus, saint Paul, au-dessus des mesquines idées de races n’existait pas encore ; par une étrange contradiction, ces convertis (prosélytes) étaient peu considérés et traités avec dédain. Mais l’idée d’une religion exclusive, l’idée qu’il y a quelque chose au monde de supérieur à la patrie, au sang, aux lois, l’idée qui