Page:Renan - La Vie de Jésus.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un monde déjà corrompu, le patriarche bédouin préparait la foi du monde. Une forte antipathie contre les cultes voluptueux de la Syrie, une grande simplicité de rituel, l’absence complète de temples, l’idole réduite à d’insignifiants theraphim, voilà sa supériorité. Entre toutes les tribus des Sémites nomades, celle des Beni-Israël était marquée déjà pour d’immenses destinées. D’antiques rapports avec l’Égypte, d’où résultèrent peut-être quelques emprunts purement matériels, ne firent qu’augmenter leur répulsion pour l’idolâtrie. Une « Loi » ou Thora, très anciennement écrite sur des tables de pierre, et qu’ils rapportaient à leur grand libérateur Moïse, était déjà le code du monothéisme et renfermait, comparée aux institutions d’Égypte et de Chaldée, de puissants germes d’égalité sociale et de moralité. Un coffre ou arche portative, ayant des deux côtés des oreillettes pour passer des leviers, constituait tout leur matériel religieux ; là étaient réunis les objets sacrés de la nation, ses reliques, ses souvenirs, le « livre » enfin, journal toujours ouvert de la tribu, mais où l’on écrivait très discrètement. La famille chargée de