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est plein d’observations minutieuses venant sans nul doute d’un témoin oculaire. Rien ne s’oppose à ce que ce témoin oculaire, qui évidemment avait suivi Jésus, qui l’avait aimé et regardé de très près, qui en avait conservé une vive image, ne soit l’apôtre Pierre lui-même, comme le veut Papias.

Quant à, l’ouvrage de Luc, sa valeur historique est sensiblement plus faible. C’est un document de seconde main. La narration y est plus mûrie. Les mots de Jésus y sont plus réfléchis, plus composés. Quelques sentences sont poussées à l’excès et faussées. Écrivant hors de la Palestine, et certainement après le siége de Jérusalem, l’auteur indique les lieux avec moins de rigueur que les deux autres synoptiques ; il a une fausse idée du temple, qu’il se représente comme un oratoire, où l’on va faire ses dévotions ; il émousse les détails pour tâcher d’amener une concordance entre les différents récits ; il adoucit les passages qui étaient devenus embarrassants au point de vue d’une idée plus exaltée de la divinité de