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C’est l’auteur de cet évangile, en effet, qui est le meilleur biographe, comme si Platon, tout en prêtant à son maître des discours fictifs, connaissait sur sa vie des choses capitales que Xénophon ignorât tout à fait.

Sans nous prononcer sur la question matérielle de savoir quelle main a tracé le quatrième évangile, et tout en inclinant à croire que les discours au moins ne sont pas du fils de Zébédée, nous admettons donc que c’est bien là « l’Évangile selon Jean, » dans le même sens que le premier et le deuxième évangile sont bien les Évangiles « selon Matthieu » et « selon Marc. » Le canevas historique du quatrième évangile est la vie de Jésus telle qu’on la savait dans l’école de Jean ; c’est le récit qu’Aristion et Presbyteros Joannes firent à Papias sans lui dire qu’il était écrit, ou plutôt n’attachant aucune importance à cette particularité. J’ajoute que, dans mon opinion, cette école savait mieux les circonstances extérieures de la vie du fondateur que le groupe dont les souvenirs ont constitué les évangiles synoptiques. Elle avait, notamment sur les séjours de Jésus à Jérusalem, des données que les autres ne possédaient pas. Les affiliés de l’école traitaient Marc de biographe médiocre, et avaient imaginé un système pour expliquer ses lacunes. Certains passages de Luc, où