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vie équivoque et de peu de considération aux notables orthodoxes. « Des publicains et des courtisanes, leur disait-il, vous précéderont dans le royaume de Dieu. Jean est venu ; des publicains et des courtisanes ont cru en lui, et malgré cela vous ne vous êtes pas convertis. » On comprend combien le reproche de n’avoir pas suivi le bon exemple que leur donnaient des filles de joie, devait être sanglant pour des gens faisant profession de gravité et d’une morale rigide.

Il n’avait aucune affectation extérieure, ni montre d’austérité. Il ne fuyait pas la joie, il allait volontiers aux divertissements des mariages. Un de ses miracles fut fait pour égayer une noce de petite ville. Les noces en Orient ont lieu le soir. Chacun porte une lampe ; les lumières qui vont et viennent font un effet fort agréable. Jésus aimait cet aspect gai et animé, et tirait de là des paraboles. Quand on comparait une telle conduite à celle de Jean Baptiste, on était scandalisé. Un jour que les disciples de Jean et les Pharisiens observaient le jeûne : « Comment se fait-il, lui dit-on, que tandis que les disciples de Jean et des Pharisiens jeûnent et prient, les tiens mangent et boivent ? » — « Laissez-les, dit Jésus ; voulez-vous faire jeûner