blait vouloir dévorer. Mais en y songeant, on trouve que ce travail n’est pas si vain qu’il semble car chaque vague, en expirant, gagne toujours quelque chose, et toutes les vagues réunies font la marée montante, contre laquelle le ciel et l’enfer seraient impuissants.
Les nations étrangères se moquent souvent des pas de clercs que fait la France en fait de révolutions, et des déconvenues qui la font revenir tout bonnement au point d’où elle était partie, après avoir payé chèrement sa promenade. Il leur est facile, à eux qui ne tentent rien, et nous laissent faire les expériences à nos dépens, de rire quand nous faisons un faux pas sur ce terrain inconnu. Mais qu’ils essaient aussi quelque chose, et nous verrons. L’Angleterre, par exemple, se repose obstinément sur les plus flagrantes contradictions. Son système religieux est de tous le plus absurde, et elle s’y rattache avec frénésie. Elle refuse de voir. Son repos et sa prospérité font sa honte et arguent sa nullité.
Telle est donc la situation de l’esprit humain. Un immense problème est là devant lui ; la solution est urgente, il la faut à l’heure même et la solution est impossible, elle ne sera peut-être mûre que dans un siècle. Alors viennent les empiriques avec leur triste naïveté ; chacun d’eux a trouvé du premier coup ce qui embarrasse si fort les sages, chacun d’eux promet de pacifier toute chose, ne mettant qu’une condition au salut de la société, c’est qu’on les laisse faire. Les sages qui savent combien le problème est difficile, haussent les épaules. Mais le peuple n’a pas le sentiment de la difficulté des problèmes, et la raison en est évidente il se les figure d’une manière trop simple, et il ne tient pas compte de tous les éléments.