de cet ordre. La France représente éminemment la période analytique, révolutionnaire, profane, irréligieuse de l’humanité, et c’est à cause de son impuissance même en religion qu’elle se rattache avec cette indifférence sceptique aux formules du passé. Il se peut qu’un jour la France, ayant accompli son rôle, devienne un obstacle au progrès de l’humanité et disparaisse ; car les rôles sont profondément distincts ; celui qui a fait l’analyse ne fait pas la synthèse. A chacun son œuvre, telle est la loi de l’histoire. La France aura été le grand instrument révolutionnaire sera-t-elle aussi puissante pour la réédification religieuse ? L’avenir le saura. Quoi qu’il en soit, il aura suffi, pour sa gloire, d’esquisser une face de l’humanité.
XVII
Plût à Dieu que j’eusse fait comprendre à quelques belles âmes qu’il y a, dans le culte pur des facultés humaines et des objets divins qu’elles atteignent une religion tout aussi suave, tout aussi riche en délices, que les cultes les plus vénérables. J’ai goûté dans mon enfance et dans ma première jeunesse les plus pures joies du croyant, et, je le dis du fond de mon âme, ces joies n’étaient rien comparées à celles que j’ai senties dans la pure contemplation du beau et la recherche passionnée du vrai ; Je souhaite à tous mes frères restés dans l’orthodoxie une paix comparable a celle où je vis depuis que ma lutte a pris fin et que la tempête apaisée m’a laissé au milieu de ce grand océan pacifique, mer sans vagues et sans rivages, où l’on n’a d’autre étoile que la raison, ni d’autre boussole que son cœur.