mettre l’avenir de leur bourgade, un des leurs n’eût reconnu son Père et ne se fût proclamé fils de Dieu ?
Quatre ou cinq gros villages, situés à une demi-heure les uns des autres, voilà donc le petit monde de Jésus à l’époque où nous sommes. Il ne semble pas être jamais entré à Tibériade, ville toute profane, peuplée en grande partie de païens et résidence habituelle d’Antipas. Quelquefois, cependant, il s’écartait de sa région favorite. Il allait en barque sur la rive orientale, à Gergésa, par exemple. Vers le nord, on le voit à Panéas ou Césarée de Philippe, au pied de l’Hermon. Une fois, enfin, il fait une course du côté de Tyr et de Sidon, pays qui devait être alors merveilleusement florissant. Dans toutes ces contrées, il était en plein paganisme. A Césarée, il vit la célèbre grotte du Panium, où l’on plaçait la source du Jourdain, et que la croyance populaire entourait d’étranges légendes ; il put admirer le temple de marbre qu’Hérode fit élever près de là en l’honneur d’Auguste ; il s’arrêta probablement devant les nombreuses statues votives à Pan, aux Nymphes, à l’Écho de la grotte, que la piété entassait déjà en ce bel endroit. Un juif évhémériste, habitué à prendre les dieux étrangers pour des hommes divinisés ou pour des démons, devait considérer toutes ces représentations figurées comme des idoles. Les séductions des cultes naturalistes, qui enivraient les races plus sensitives, lu laissèrent froid. Il n’eut sans doute aucune connaissance