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pour nom de gloire : « le Logos de Dieu[1] ». Dans les dernières épîtres de saint Paul, Jésus est presque détaché de l’humanité. Dans le quatrième Évangile, l’identification du Christ et du Logos est consommée[2]. Le vengeur national des juifs a totalement disparu sous le concept métaphysique. Jésus est désormais fils de Dieu, non en vertu d’une simple métaphore hébraïque, mais théologiquement parlant. Le peu de vogue qu’eurent les écrits de Philon en Palestine et dans les classes populaires du judaïsme explique seul que le christianisme ait accompli si tard une évolution aussi nécessaire. Cette évolution s’opérait, du reste, de plusieurs côtés à la fois ; car saint Justin a une théorie du Logos analogue à celle de pseudo-Jean[3], et il ne l’a pas prise dans l’Évangile de pseudo-Jean.

À côté de la théorie du Logos et de l’Esprit, on développa la théorie du Paraclet, qu’on ne distinguait pas beaucoup du saint Esprit. Paraclet était, dans la philosophie de Philon, une épithête ou un équivalent

  1. Apoc., xix, 13. Notez des expressions du quatrième Évangile dans Apoc., iii, 14, et comparez Apoc., i, 7, à Jean, xix, 37. Plusieurs traits des synoptiques semblent aussi des pressentiments du quatrième Évangile : par exemple, le trait Matth., xi, 25-27 ; Luc, x, 21-22, fort ancien, puisqu’il est à la fois dans Matthieu et dans Luc.
  2. Joh., i, 1-18, 42 ; iv, 25.
  3. Apol. I, 23, 32 ; Apol. II, 6, 10, 43 ; Dial., 61, 62, 70, 98, 100, 102, 105, 127.