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plus anciennes jusqu’aux livres hermétiques, l’Égypte proclame un Dieu, seul vivant en substance, engendrant éternellement son semblable, Dieu double et unique en même temps. Le Soleil est ce premier né, procédant éternellement du Père, ce Verbe, qui a fait tout ce qui est, et sans qui rien n’a été fait[1]. — Le judaïsme, d’un autre côté, tendait depuis longtemps, pour sortir de sa théologie un peu sèche, à créer de la variété en Dieu, en personnifiant des attributs abstraits, la Sagesse, la Parole divine, la Majesté, la Présence[2]. Déjà, dans les anciens livres sapientiaux, dans les

    égyptienne, Dieu pour créer décrète, et son décret se manifeste en forme de dieux qui accomplissent chacun des actes de la création. Chaque acte de la volonté divine entraîne ainsi une nouvelle émission du Verbe, qui s’incarne dans des formes de dieux, momentanément considérées comme secondaires. Le Verbe n’est pas créé une fois pour toutes ; il est créé au fur et à mesure des besoins de l’univers [Maspero].

  1. Textes égyptiens, dans M. de Rougé, Revue archéol., juin 1860 ; Mariette, Mém. sur la mère d’Apis, Paris, 1856 ; Hermès Trismégiste, livre I, 2, 5, 8, 10 ; II, 6, 10 ; IV, 1. Πρῶτος τοῦ πρώτου θεοῦ.
  2. Targum d’Onkélos, Gen., xxviii, 13 ; Exode, xvii, 16 ; Nombr., xiv, 14 ; Deut., xxx, 20 ; Isaïe, i, 15 ; vi, 1 ; Ezech., i, 1 ; Targ. de Jonathan, Josué, v, 5 ; I Sam., iv, 4 ; II Sam., vi, 2. Les passages où les targums substituent שכינא ou יקרא au nom de « Dieu » sont très-nombreux. Cf. Pirké Aboth, iii, 2, 6 ; Matth., xxvi, 64 ; Marc, xiv, 62 ; Hébr., i, 3 ; II Petri, i, 17. V. Buxtorf, aux mots גבורה ,שכינה.