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CHAPITRE V.


COMMENCEMENT D’UNE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.


La philosophie religieuse qui sert de base à toutes ces amplifications, si éloignées de la pensée de Jésus, est peu originale. Philon en avait exposé avec plus d’ensemble et de conséquence les principes essentiels[1]. Chez Philon, comme chez l’auteur du quatrième Évangile, le messianisme et les croyances apocalyptiques n’ont presque pas d’importance. Toutes les imaginations du judaïsme populaire sont remplacées par une métaphysique, à la construction de laquelle la théologie égyptienne et la philosophie grecque ont contribué pour une grande part. L’idée d’une raison incarnée, c’est-à-dire de la raison divine revêtant une forme finie, est bien égyptienne[2]. Depuis les époques les

  1. Comp. Vie de Jésus, p. 257 et suiv ; l’Antechrist, p. 81 et suiv.
  2. Voir stèle C3 du Louvre, lignes 15-16 (12e dynastie) ; papyrus de Boulaq, iv, lignes 2, 5 (19e dynastie). Dans la théorie