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fera du Paraclet, autre lui-même, qui consolera ses disciples de son départ[1]. L’auteur se réfugie dans la métaphysique, parce que les espérances matérielles lui paraissent déjà par moments des chimères. La même chose semble être arrivée à saint Paul[2]. Le goût de l’abstraction faisait qu’on attachait peu de prix à ce que nous trouvons de plus réellement divin en Jésus. Au lieu de ce fin sentiment de la poésie de la terre, qui remplit les Évangiles galiléens, nous ne trouvons ici qu’une métaphysique sèche, une dialectique roulant sur l’équivoque du sens littéral et du sens figuré. Jésus, dans le quatrième Évangile, parle vraiment pour lui seul. Il se sert d’un langage que personne ne devait comprendre, puisqu’il prend exprès les mots dans un autre sens que le vulgaire, et il s’indigne après cela de n’être pas compris[3]. Cette fausse situation produit à la longue une impression fatigante, et on finit par trouver les juifs excusables dans leur inintelligence des mystères nouveaux qu’on leur présente d’une façon si obscure.

Ces défauts étaient la conséquence de l’attitude exagérée que l’auteur prête à Jésus. Une pareille attitude excluait le naturel. Jésus se proclame la Vérité et

  1. Jean, ch. xiv, xv, xvi.
  2. V. l’Antechrist, p. 73 et suiv.
  3. Jean, iii, iv, etc.