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sont autant de traits qui assurent à pseudo-Jean une supériorité historique sur Marc et sur pseudo-Matthieu. Un grand nombre de ces particularités pouvaient provenir des récits mêmes de l’apôtre Jean, dont on conservait le souvenir. D’autres prenaient leur source dans une tradition que ni Marc, ni celui qui le compléta sous le nom de Matthieu, ne connurent. Dans plusieurs cas, en effet, où pseudo-Jean s’écarte de la contexture du récit synoptique, il présente des coïncidences singulières avec Luc et avec l’Évangile selon les Hébreux[1]. De plus, quelques traits du quatrième Évangile se retrouvent chez Justin et dans le roman pseudo-clémentin, sans que pourtant Justin ni l’auteur du roman aient connu le quatrième Évangile. Il y avait donc, en dehors des synoptiques, un ensemble de traditions, de phrases déjà toutes faites et en quelque sorte répandues dans l’air[2], que le

    de valeur originale en tant que document, y trouverait-on ce détail, confirmé par ce que nous apprennent Hégésippe, les Constitutions apostoliques, etc., sur les parents de Jésus ? Voir les Évangiles, appendice.

  1. Voir Vie de Jésus, 13e édit., p. lxxx-lxxxi, 515, 521, 527, 530, 533, 534. Comparez encore le récit du reniement de Pierre dans Luc, xxii, 55-62, et dans Jean, xviii, 16-17, 25-27. C’est probablement avec raison que le quatrième Évangile donne au père de Pierre le nom de Jean au lieu de celui de Jonas. Comp. l’Évang. des Hébreux, Hilgenfeld, p. 16, 23, 25-26.
  2. Par exemple ἐγώ εἰμι ἡ πύλη τῆς ζωῆς, Homélies pseudo-