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venait au Fils unique[1] venant de la part du Père, plein de Grâce et de Vérité[2].


Ce qui suit n’est pas moins surprenant. On est en présence d’une vie de Jésus qui s’écarte de la manière la plus grave de celle qui nous est racontée dans les écrits de Marc, de Luc et de pseudo-Matthieu. Il est évident que ces trois Évangiles et les autres du même genre étaient peu connus en Asie, ou du moins y avaient peu d’autorité[3]. Jean, de son vivant, avait sans doute coutume de raconter la vie de Jésus sur un plan tout à fait différent du petit cadre galiléen que les traditionnistes de Batanée avaient créé, et qui servit de règle après eux. Il savait qu’une grande partie de l’activité de Jésus s’était déployée à Jérusalem[4]. Il connaissait des personnes et des

  1. Μονογενής.
  2. Χάρις, Ἀληθεία.
  3. Papias, dans Eus., H. E., III, xxxix, 3, 4. L’idée que notre auteur aurait écrit pour compléter les synoptiques doit être abandonnée. Certains passages cependant feraient croire que l’auteur s’est servi de Marc : Comp. Marc, ii, 9, 12, à Jean, v, 8, 9 ; Marc, vi, 37, à Jean, vi, 7 ; Marc, xi, 9, à Jean, xii, 13 ; Marc, xiv, 3, 5, 6, à Jean, xii, 3, 5, 7 ; Marc, xiv, 65, à Jean, xviii, 2 ; Marc, xv, 8-9, à Jean xviii, 39 ; Marc, xvi, 9, à Jean, xx, 11 et suiv. Jean, iii, 24, semble rectifier Marc, i, 14. Jean, xi, 2, semble compléter Marc, xiv, 3-9. Notez encore Jean, i, 23, 26-27 ; vi, 1-13, 16-21 ; xii, 12-15.
  4. Vie de Jésus, append., p. 487 et suiv.