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contre les docètes ou phantasiastes, qui étaient alors le grand danger du christianisme en Asie[1]. On insistait avec force et même avec une sorte d’affectation sur la valeur du témoignage de l’apôtre, témoin oculaire des faits évangéliques[2]. L’auteur, écrivain habile à sa manière, peut avoir imité le ton de la conversation de l’apôtre Jean. L’esprit de ce petit ouvrage est grand, élevé, malgré quelques traces des bizarreries elkasaïtes[3]. La doctrine en est excellente ; c’est la charité réciproque, l’amour des hommes[4], la haine du monde corrompu[5]. Le style, touchant, pressant, pénétrant, est absolument le même que celui de l’Évangile ; les défauts du quatrième Évangile, la prolixité, l’aridité, résultant d’interminables discours pleins de métaphysique abstruse et d’allégations personnelles, sont ici beaucoup moins choquants.

    connaissait pas ou du moins n’admettait pas le quatrième Évangile. Irénée, Clément d’Alexandrie et les Pères du iiie siècle citent l’Épître sur le même pied que l’Évangile.

  1. I Joh., i, 1-3 ; iv, 2, 3 ; cf. II Joh., 7. Voir Tertullien, De carne Christi, 24.
  2. I Joh., i, 1 et suiv. ; iv, 14.
  3. I Joh., v, 6 et suiv. Ce qui, dans la traduction latine, est ajouté au passage des trois témoins est une interpolation. Cf. Italafragmente de Ziegler (1876), p. 5 et suiv.
  4. I Joh., ii, 7 et suiv. ; iii, 11, 14 et suiv. ; iv, 7 et suiv., 16 et suiv. ; v, 1 et suiv.
  5. I Joh., ii, 15 et suiv. ; iii, 1, 13 ; v, 4 et suiv.