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cas, il avait eu la première place dans l’histoire évangélique[1] ; et, comme les Évangiles existants n’appuyaient pas suffisamment cette prétention, on put recourir à une de ces fraudes pieuses qui alors ne causaient de scrupules à personne. Ainsi s’explique comment c’est d’Éphèse que l’on voit émerger obscurément, peu après la fin de l’âge apostolique, une classe de livres destinée à obtenir plus tard, dans la théologie chrétienne, un rang supérieur à toutes les autres pages inspirées.

Que Jean ait écrit lui-même ces ouvrages, c’est ce que l’on ne saurait plus admettre[2]. Qu’on les ait écrits autour de lui, dans sa vieillesse et avec son agrément, cela même est fort douteux. Ce qui paraît le plus probable, c’est qu’un disciple de l’apôtre, dépositaire de plusieurs de ses souvenirs, se crut autorisé à parler en son nom et à écrire, vingt-cinq ou trente ans après sa mort, ce que l’on regrettait qu’il n’eût pas lui-même fixé de son vivant[3]. Éphèse, en

  1. Vie de Jésus, 13e édit, (et suiv,), p. 485, 532, 535.
  2. Voir la discussion de cette question dans la Vie de Jésus, introd., p. lviii et suiv., et appendice, p. 477 et suiv., éditions à partir de la 13e.
  3. On fut porté, du vivant de Jean, à lui supposer des écrits. Voir les passages de Caïus et de Denys d’Alexandrie sur Cérinthe, dans Eus., H. E., III, 28. Notez adhuc in corpore constituto dans le passage copié par Thomasius (Tischendorf, Nov. Test.