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tentions bien plus hautes, et sûrement, dans l’intention de ceux qui le propageaient, il était destiné à remplacer les humbles vies de Jésus dont on s’était contenté jusque-là. L’historien, dont on parlait encore avec mystère, avait reposé sur la poitrine du maître et seul avait connu les secrets divins de son cœur.

Le nouveau livre venait d’Éphèse[1], c’est-à-dire de l’un des principaux foyers de l’élaboration dogmatique de la religion chrétienne. Nous avons admis comme possible le système d’après lequel Jean aurait passé sa vieillesse dans cette ville et y aurait fini ses jours[2]. Il est certain, du moins, qu’il y eut de bonne heure à Éphèse un parti qui s’empara de l’apôtre Jean et fit tous ses efforts pour le grandir. Paul avait ses Églises, fortement attachées à sa mémoire. Pierre et Jacques avaient aussi leur famille d’adoption spirituelle. On voulut qu’il en eût été de même pour Jean ; on désira l’égaler à Pierre ; on soutint même, au détriment de ce dernier, que, dans beaucoup de

  1. Cela résulte avec probabilité du passage de Papias, dans Eus., H. E., III, 39. Les relations, personnelles ou non, de Papias avec Presbytéros Joannes et Aristion portent à placer ces deux personnages, comme les filles de Philippe, en Asie. Or il est difficile de ne pas établir un lien entre ce Presbytéros et l’auteur de la 2e et de la 3e épître pseudo-johannique. Le rapport de ces écrits avec l’éphésien Cérinthe paraît aussi bien vraisemblable.
  2. L’Antechrist, ch. xv et appendice ; les Évangiles, ch. xviii.