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eventum, mentionne clairement la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor (xiv, 4), le retour de Zorobabel, la construction du second temple, temple bien peu comparable au premier, bien peu digne de la majesté divine (xiv, 5). Mais la dispersion d’Israël aura son terme, et alors le temple sera rebâti, avec toute la magnificence décrite par les prophètes, pour servir de centre à la religion de l’univers entier. Pour le vieillard prophétisant, il n’y a donc pas de destruction du second temple ; ce temple verra l’avènement de la gloire d’Israël et ne disparaîtra que pour faire place au temple éternel. M. Volkmar, M. Hitzig font observer, il est vrai, que, dans le IVe livre d’Esdras, dans Judith et dans la plupart des apocryphes, la destruction du temple par Nabuchodonosor est identifiée à la destruction du temple par Titus, et que les réflexions que l’on met dans la bouche du Voyant fictif sont celles qui conviennent après l’an 70. Mais ce principe, ailleurs d’une application si féconde, n’est pas de mise ici. Notoirement le verset xiv, 5, se rapporte au second temple. Cette réflexion que le nouveau temple était très-différent du premier[1], qu’il était tout autre chose que majestueux[2], est une allusion à Esdr., iii, 12, entendu à la manière de Josèphe, Ant., XI, iv, 2. Il y a plus, ce passage capital porterait à croire qu’au moment où le livre de Tobie a été écrit, Hérode n’avait pas encore porté la main sur le second temple pour le rebâtir, événement qui eut lieu l’an 19 avant J.-C.

Les critiques que je combats appliquent ici le système, devenu fort à la mode, que l’on prétend asseoir sur un passage de la prétendue épître de Barnabé, et selon lequel

  1. Οὐχ οἶος ὁ πρότερος.
  2. Ἔντιμος