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dés une protestation contre l’invasion et un maintien de leurs droits dans l’infortune et dans l’exil[1]. » Il y eut de même des monnaies à la légende TVRRIS DAVIT, frappées longtemps après la prise de Jérusalem par les musulmans[2].

En toute hypothèse, il faut admettre que beaucoup des monnaies juives de la seconde révolte ont été frappées hors de Jérusalem. Tout le monde, en effet, accorde que, si les révoltés ont été maîtres de Jérusalem, ils en ont été assez vite chassés. Or, on trouve des monnaies de la seconde et de la troisième année de la révolte. M. Cavedoni expliquait par cette différence de situation la différence des légendes לחרות ישראל et לחרות ירושלם, la seconde, seule, répondant à l’époque où les révoltés étaient maîtres de Jérusalem. Quoi qu’il en soit, la possibilité d’un monnayage fabriqué à Béther est mise hors de doute.

Qu’à un moment de la révolte, et au milieu des nombreux incidents de guerre qui remplirent deux ou trois années, les révoltés aient occupé Ælia et en aient été bientôt chassés ; que l’occupation de Jérusalem, en un mot, ait été un épisode court de ladite guerre, cela est strictement possible ; c’est peu probable cependant. La Legio Xª Fretensis, que Titus avait mise pour garder les ruines, y reste au iie au iiie siècle et jusqu’aux temps du bas empire, comme si rien ne s’était passé dans l’intervalle[3]. Si les révoltés avaient été un jour maîtres de l’espace sacré, ils s’y fussent cramponnés avec fureur ; de toutes parts ils y fussent accourus ; tous les combattants de Judée

  1. Vogüé, Revue numismatique, 1865, p. 296 et suiv. ; Schlumberger, Revue archéol., 1878, p. 180 et suiv.
  2. Schlumberger, les Principautés franques du Levant, p. 32 et suiv.
  3. Clermont-Ganneau, dans les Comptes rendus de l’Académie des inscr., p. 162, 163, 167 et suiv.