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eût pas donné des formes si grandes et si belles ; 4o la forme du temple tétrastyle, surmonté d’une étoile[1]. Cette forme ne répond ni peu ni beaucoup à la forme du temple d’Hérode. Or on sait le scrupule que prenaient les monétaires anciens de figurer exactement la physionomie du temple principal de la ville, d’en rendre le caractère par des traits sommaires, il est vrai, mais très-expressifs. Le temple des monnaies juives, au contraire, sans fronton triangulaire, et avec sa porte d’un goût singulier, peut représenter le second temple, celui du temps des Macchabées, qui paraît avoir été assez mesquin.

Si l’on repousse cette hypothèse et que l’on maintienne à la seconde révolte les types qui portent l’effigie du temple et l’ère de « la liberté de Jérusalem », nous dirons que la délivrance de Jérusalem et la reconstruction du temple étaient l’objet unique des révoltés. Il n’est pas impossible qu’ils aient fait figurer ces deux idées sur leurs monnaies avant qu’elles fussent réalisées. On prenait pour accompli le fait auquel on aspirait avec tant d’efforts. Béther, d’ailleurs, était une sorte de Jérusalem provisoire, un asile sacré d’Israël[2].

La numismatique des croisades présente, du reste, identiquement le même phénomène. Après la perte de Jérusalem, en effet, l’autorité latine, transportée à Saint-Jean-d’Acre, continua de frapper des monnaies portant l’effigie du saint Sépulcre, avec les légendes ┼ SEPVLCHRI : DOMINI ou REX IERLM. Les monnaies de Jean de Brienne, qui ne posséda jamais Jérusalem, présentent aussi l’image du saint Sépulcre. « Ce type éminemment caractéristique, dit M. de Vogüé, semble être de la part des rois dépossé-

  1. Saulcy, Num. jud., pl. xi et xiv ; Madden, p. 164, 170, 171.
  2. Comparez le Governo della libertà di Siena in Montalcino.