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sont trop fréquentes pour qu’on y puisse voir de simples fautes. Quant à la seconde, la disposition des lettres, dans beaucoup de cas, est telle qu’on ne saurait supposer que deux lettres finales aient disparu. Il n’est pas impossible que cette altération du nom de Siméon ait été faite exprès pour impliquer une prière : « Exauce » ou « Exauce-nous. » C’est, en tout cas, contre toute vraisemblance qu’on voit dans ce nom de Siméon le vrai nom de Bar-Coziba. Comment ce nom royal du faux Messie, inscrit sur un abondant monnayage, serait-il resté inconnu à saint Justin, à Ariston de Pella, aux talmudistes, qui parlent justement de la monnaie de Bar-Coziba[1] ? Encore moins peut-on y voir quelque président du sanhédrin, dont Bar-Coziba aurait reconnu l’autorité[2].

Ainsi, de toutes les manières, on arrive à croire que le monnayage de Bar-Coziba n’a consisté qu’en surfrappes, faites dans un motif religieux, et que les types que portent ces surfrappes étaient d’anciens types juifs, dont on ne saurait rien conclure pour la révolte du temps d’Adrien. Par là sont levées quelques-unes des énormes difficultés que présente la numismatique juive : 1o ces personnages inconnus à l’histoire ou ces révolutionnaires qui auraient battu monnaie comme des souverains ; 2o l’invraisemblance qu’il y a à ce que de misérables révoltés aient fait des émissions monétaires aussi belles et aussi considérables ; 3o l’emploi de ce caractère hébreu archaïque, qui était tout à fait hors d’usage au iie siècle de notre ère ; en supposant qu’on eût affecté de revenir au caractère national, on ne lui

  1. Tosifta Maaser schéni, i ; Talm. de Jér., Maaser schéni, i, 2 ; Talm. de Bab., Baba kama, 97 b.
  2. Derenbourg, Palestine, p. 424 ; de Saulcy, Sept siècles de l’hist. jud., p. 395.