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soient produits, malgré la Legio Xª Fretensis, qui campait sur les ruines, on ne saurait supposer que ces essais aient été jusqu’à donner à la place une importance militaire quelconque.

Il est très-vrai que beaucoup de savants, à l’opinion desquels nous nous rangeons, pensent que la restauration de Jérusalem, sous le nom d’Ælia Capitolina, commença dès l’an 122 à peu près. Ce n’est guère aux adversaires de notre thèse à faire valoir cet argument, puisque presque tous admettent qu’Ælia Capitolina ne commença à être bâtie qu’après la dernière destruction de Jérusalem par Adrien. Mais n’importe. Si, comme nous le croyons, Ælia Capitolina avait environ dix ans d’existence lorsqu’éclata la révolte de Bar-Coziba, vers 133, comment concevoir que les Romains aient eu besoin de la prendre ? Ælia ne devait pas encore avoir de murs capables de soutenir un siège. Comment d’ailleurs supposer que la Legio Xª Fretensis ait quitté ses positions, en sachant qu’elle serait obligée de les reconquérir ? On dira peut-être que pareille chose eut lieu sous Néron, quand Gessius Florus abandonna Jérusalem ; mais la situation était toute différente. Gessius Florus se trouvait au milieu d’une grande ville en révolution. La Legio Xª Fretensis eût été au milieu d’une population de vétérans et de colons[1], tous favorables à la cause romaine. Sa retraite ne s’expliquerait en aucune façon, et le siège qui aurait suivi eût été un siège en quelque sorte sans objet.

Quand on examine les textes, trop rares, qui sont relatifs à la guerre d’Adrien, on arrive à faire une distinction capitale. Les textes vraiment historiques, non seulement

  1. Ἀλλοφύλους. Dion Cass., LXIX, 12. Cf. Eusèbe, Theoph., 9.