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le Magicien ne sont peut-être pas aussi fabuleux qu’ils le paraissent. En tout cas, cette association des deux pires ennemis que le christianisme naissant ait rencontrés était bien conforme à l’esprit du temps et au goût de la poésie apocalyptique en général. Dans l’Ascension d’Isaïe, Béliar est Satan, et Satan s’incarne en quelque sorte dans un roi meurtrier de sa mère, qui régnera sur le monde pour y établir l’empire du mal[1]. L’auteur du roman pseudo-clémentin croit que Simon reparaîtra en Antechrist à la fin des temps[2]. Au iiie siècle, un trouble plus grand encore s’introduit dans cet ordre d’idées bizarres[3]. On reconnaît deux Antechrist, l’un pour l’Orient, l’autre pour l’Occident, Néron et Bélial. Plus tard, Néron finit par devenir, aux yeux des chrétiens, le Christ des juifs[4]. Les supputations des semaines de Daniel venaient compliquer ces chimères. Saint Hippolyte, du temps des Sévères, y est plongé tout entier[5]. Un certain Juda prouvait par Daniel que la fin du monde allait venir

  1. Asc. d’Isaïe, ch. IV.
  2. Homélies pseudo-clém., ii, 17.
  3. Commodien, Instructions et Carmen apologeticum (édit. Ludwig. Leipzig, 1878). Comp. saint Béat, Comment. sur l’Apoc., (édit. Florez, Madrid, 1770).
  4. Sulpice Sévère, Dial., ii, 16 ; cf. Chron., II, 48.
  5. Voir ses écrits sur l’Antechrist, p. 1 et suiv., 92 et suiv. (édit. Lagarde, Leipzig, 1858).