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le cycle apocalyptique. En s’attachant aux initiales des vers qui expriment ces terribles images, l’œil distingue l’acrostiche ΙΗΣΟϒΣ ΧΡΕΙΣΤΟΣ ΘΕΟϒ ϒΙΟΣ ΣΩΤΗΡ ΣΤΑϒΡΟΣ[1]. Les lettres initiales des cinq premiers mots donnent à leur tour ΙΧΘϒΣ, « poisson », désignation sous laquelle les initiés s’habituèrent de bonne heure à reconnaître Jésus[2]. Comme on était persuadé que l’acrostiche était un des procédés que les vieilles sibylles avaient employés pour laisser deviner leurs sous-entendus[3], on était frappé d’éton-

  1. Carm. sib., VIII, 217 et suiv. Cf. Cohort. ad Græc., 38 ; Lactance, Div. inst., IV, 15 ; VII, 16, 19, 20 ; Eusèbe. Disc. de Const., 18 ; saint Aug., De civ. Dei, XVIII, 23. C’est à tort qu’on a supposé ce morceau interpolé ou remanié. La Cohortatio ad Græcos, qui n’est pas de Justin, mais qui appartient au iie siècle, y fait allusion. Lactance (IV, 15) réunit les §§ 1 et 2 du livre VIII. Saint Augustin présente également l’acrostiche comme une particularité que présente un certain endroit du poëme. Notez les liaisons, δέ (vers 217), ὅν (vers 251). ΣΤΑϒΡΟΣ est omis par saint Augustin et est inutile à l’ΙΧΘϒΣ ; mais ὅν (vers 251) s’y rattache étroitement. L’orthographe ΧΡΕΙΣΤΟΣ était ordinaire (Irénée, I, xv, 2 ; voir, au contraire, Epiph., De num. myst., 5). L’épître prétendue de Barnabé offre déjà des jeux de ce genre (ch. 9).
  2. Comp. Clém. d’Alex., Pædag., III, xi, p. 106 ; Tertullien, De bapt., 1 ; Origène, In Matth., t. XIII, 10, Opp. III, p. 584 ; inscription d’Autun. Cf. de Rossi, dans Pitra, Spicil. Sol., II, p. 545 et suiv. ; Bull., 1870, nos 2 et 3, et pl. ; 1873, no 3 et pl., F. Becker, Die Darstell. J. C. unter dem Bilde des Fisches ; 1866 et 1876 ; le Blant, Inscr., II, p. 312. V. Vie de Jésus, p. 315-316.
  3. Cicéron, De divinatione. II, 54 ; Denys d’Halicarnasse, IV, 62.