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fables ; puis elle les adopta, au moins pour l’usage populaire. L’iconographie, surtout, y trouva, comme dans les Évangiles apocryphes, un ample répertoire de sujets et de symboles. Presque tous les attributs qui ont servi aux imagiers à distinguer les apôtres viennent des Actes apocryphes[1].

La forme apocalyptique servait aussi à exprimer ce qu’il y avait dans les sectes chrétiennes hétérodoxes d’insubordonné, d’indiscipliné, d’inassouvi. Une Ascension ou Anabaticon de Paul, exposé des mystères que Paul était censé avoir vus dans son extase[2], eut de la vogue. Une Apocalypse d’Élie[3] fut assez répandue. C’était surtout chez les gnostiques que les apocalypses, sous les noms d’apôtres et de prophètes, pullulaient. Les fidèles étaient en garde, et l’Église moyenne, celle qui craignait à la fois les excès gnostiques et les excès piétistes, n’admettait que deux apocalypses, celle de Jean et celle de

  1. Ainsi l’équerre et la règle de saint Thomas viennent de Acta Thomæ, §§ 17 et suiv.
  2. II Cor., xii, et suiv. ; Épiph., xxxviii, 2. Le passage de Denys d’Alexandrie, dans Eus., H. E., VII, 23, ne prouve rien ici. Cf. Tischendorf, Apoc. apocr., xiv et suiv., 34 et suiv. ; Samuel d’Ani, dans Journ. asiat., nov.-dec. 1853, p. 431 ; Dulaurier, Révél. de saint Barth., p. 30 et suiv.
  3. Origène, In Matth., 117, Opp., III, 916 ; Épiph., xlii, 11 (p. 372, Petau) ; saint Hippolyte, De Christo et Antichristo, 65 ; Anastase le Sinaïte et Nicéphore (Credner, p. 241, 244).