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La source est toujours vaguement indiquée ; de fortes variantes se produisent dans ces citations, jusqu’à saint Irénée. Quelquefois, des paroles d’Isaïe, d’Hénoch sont alléguées comme des paroles de Jésus[1]. On ne distinguait plus entre la Bible et l’Évangile, et des paroles de Luc sont citées avec cet en-tête : « Dieu dit[2]. »

Les Évangiles restèrent ainsi, jusque vers l’an 160 et même au delà, des écrits privés, destinés à de petits cercles[3]. Chacun avait le sien, et longtemps on ne se fit nul scrupule de compléter, de combiner les textes déjà reçus[4]. La rédaction n’était pas ferme ; on ajoutait, on retranchait ; on discutait tel ou tel passage, on amalgamait les Évangiles en circulation pour en former un seul ouvrage plus portatif[5]. La transmission orale, d’un autre côté, continuait d’avoir un

    Matthieu et de Luc, de l’Évangile des Égyptiens. Même observation pour Barnabé et Hermas, pour pseudo-Ignace et pseudo-Polycarpe. Toujours Matthieu ou son équivalent, l’Évangile des Hébreux, servent de base aux citations.

  1. II Clem., 2, 3 ; Vie de Jésus, p. lv, 40.
  2. II Clem., 13, Λέγει ὁ θεός.
  3. Voir Vie de Jésus, p. liii.
  4. Exemples certains : Matth., xviii, 11, pris de Luc, xix, 10 ; Matth., xxi, 44, pris de Luc, xx, 18 ; Luc, iv, 8, pris de Matth., iv, 10. Cf., outre Denys de Cor. précité, Origène, In Matth., t. XV, 14 ; saint Jérôme, Præf. in Evang., ad Damasum.
  5. Celse, dans Origène, II, 27.