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C’est surtout dans ce rendez-vous de tous les hommes cultivés qu’il éprouva de vives jouissances. La Grèce était devenue comme un jouet dont s’amusaient les Romains lettrés. Bien rassurés sur les conséquences politiques, ils se donnaient le libéralisme facile de restaurer le Pnyx, les assemblées du peuple, l’Aréopage, d’élever des statues aux grands hommes du passé, de remettre à l’essai les vieilles constitutions, de refaire la panhellénie, la confédération de prétendues villes libres. Athènes était le centre de ces enfantillages. Des Mécènes éclairés y avaient élu domicile, en particulier Hérode Atticus, l’un des esprits les plus distingués du temps, et ces Philopappus, derniers descendants des rois de la Comagène et des Séleucides, qui élevaient vers ce temps sur la colline du Musée[1] un monument qui existe encore.

Ce monde de professeurs, de philosophes et de gens d’esprit était le véritable élément d’Adrien. Sa vanité, son talent, son goût pour la conversation brillante, se trouvaient à leur aise au milieu de confrères qu’il honorait en se faisant leur égal, sans rien abdiquer au fond de sa prérogative. Il était habile disputeur, et se figurait ne devoir l’avantage, qui lui

  1. Corpus inscr. gr., no 362.