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tien et fut joint pour le supplice aux deux précédents[1].

Justin fut extrêmement ému de ce drame sanglant. Tant que Lollius Urbicus fut préfet de Rome, il ne put protester ; mais, dès que cette fonction fut passée à un autre, Justin adressa au sénat une nouvelle apologie. Sa position à lui-même devenait difficile. Il sentait le danger d’avoir pour ennemi un homme comme Crescent, qui, d’un mot, pouvait le perdre. C’est avec le pressentiment d’une mort prochaine qu’il rédigea cet éloquent plaidoyer contre la situation exceptionnelle faite aux chrétiens[2].

Il y a quelque chose de hardi dans l’attitude que prend un philosophe obscur devant le corps puissant que les provinciaux n’appelaient jamais autrement que hiéra synclétos, « la sainte assemblée ». Justin rappelle ces orgueilleux au sentiment de la justice et de la vérité. L’éclat de leur prétendue dignité peut leur faire illusion ; mais, qu’ils le veuillent ou ne le veuillent pas, ils sont les frères et les semblables de ceux qu’ils persécutent[3]. Cette persécution est la preuve de la vérité du christianisme. Les meilleurs parmi les païens

  1. Justin, Apol. II, 2. Comp. Acta Pauli et Theclæ, 16.
  2. Apol. II. Comp. Eus., H. E., IV, 16, 17, 18.
  3. Apol. II, 1.