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raison, mais du cœur même et des entrailles. Les origines de l’école lyonnaise en art et en littérature sont déjà tout entières dans cette admirable lettre sur le drame effroyable de 177. C’est beau, bizarre, touchant, maladif ; il s’y mêle une légère aberration des sens, quelque chose du tremblement nerveux des saints de Pépuze[1]. Les rapports d’Épagathus avec le Paraclet sentent déjà la ville du spiritisme[2], la ville où, vers la fin du dernier siècle, Cagliostro eut un temple[3]. Les anesthésies de Blandine[4], ses conversations intimes avec Christ, pendant que le taureau la lance en l’air[5], l’hallucination des martyrs, croyant voir Jésus dans leur sœur, au bout de l’arène, attachée nue à un poteau[6], — toute cette légende qui, d’un côté, vous transporte au delà du stoïcisme, et où, de l’autre côté, on touche à la catalepsie et aux expériences de la Salpétrière, semble un sujet fait

  1. Voir notre livre VII.
  2. Lyon est une des villes d’Europe où les folies du spiritisme ont compté le plus d’adhérents. V. Mém. de la Soc. des sciences médicales de Lyon, t. II (1862-1863), p. 58 et suiv.
  3. Revue du Lyonnais, II (1835), p. 242 ; Nouv. Archives du Rhône, t. I, p. 300, 301 ; Éphémérides des loges maçonniques de Lyon, 1875 (par Vacheron), p. 84-85 ; Monfalcon, Hist. monum. de Lyon, III, p. 10.
  4. Lettre des Églises, § 56.
  5. Lettre, § 56.
  6. Lettre, § 41.