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bonne servante Blandine, qui lui étaient fort inférieurs en dignité sociale, l’égalèrent en volonté. Blandine surtout fit des miracles. Elle était si frêle de corps, que l’on craignait qu’elle n’eût pas la force physique pour confesser Christ. Elle déploya au contraire, le jour du combat, une force nerveuse inouïe, fatigua les bourreaux un jour entier ; on eût dit qu’à chaque torture elle éprouvait une recrudescence de foi et de vie.

Telle était cette Église, qui du premier coup atteignit aux privilèges des plus hautes Églises chrétiennes de l’Asie, et dressa, au centre d’un pays encore à demi barbare, comme un phare lumineux. Ivres de l’Évangile de Jean et de l’Apocalypse[1], les chrétiens de Lyon et de Vienne, sans avoir besoin des écoles de balbutiement que le christianisme avait traversées, furent portées tout d’abord au sommet de la perfection. Nulle part, la vie n’était plus austère, l’enthousiasme plus sérieux, la volonté de créer le royaume de Dieu plus intense. Le chiliasme, qui avait son foyer en Asie Mineure, n’était pas à Lyon moins hautement proclamé[2].

La Gaule entra ainsi dans l’Église de Jésus par un triomphe sans égal. Lyon fut désigné pour être

  1. Lettre, §§ 10, 15, 22, 58.
  2. Irénée, V, ch. xxxiii.