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Nous avons pour précepte de rendre aux puissances et aux autorités établies par Dieu les honneurs qui leur sont dus, pourvu que ces marques de respect n’aient rien de blessant pour notre foi. Quant à ces gens-là, je ne daignerai jamais descendre à faire mon apologie devant eux. »

Le proconsul le menaça en vain des bêtes, du feu. Il fallut annoncer au peuple que Polycarpe confessait obstinément sa foi. Juifs et païens poussèrent des cris de mort : « Le voilà, le docteur de l’Asie[1], le père des chrétiens ! » disaient les premiers. « Le voilà, le destructeur de nos dieux, celui qui enseigne à ne pas sacrifier, à ne pas adorer ! » disaient les seconds. En même temps, ils demandaient à Philippe de Tralles[2], asiarque et grand prêtre d’Asie[3], de lancer un lion sur Polycarpe. Philippe leur fit observer que les jeux de bêtes étaient finis. « Au feu donc ! » cria-t-on de toutes parts. Et le peuple se répandit dans les boutiques et les bains pour y chercher du bois et des fagots. Les juifs, nombreux à Smyrne et toujours fort animés contre les chrétiens[4], montraient à cette

  1. Ἀσίας διδάσκαλος. D’autres lisent ἀσεϐείας
  2. Cf. Strabon, XIV, i, 42.
  3. Sur ces deux titres, voir Saint Paul, p. 352-353, 429.
  4. Comparez les Actes de saint Pione, §§ 3, 4. Cf. Justin, Apol. I, 31, 36 ; Dial., 16, 95, 110, 133,