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était à table, dans la chambre haute de la villa ; il eût pu encore s’échapper ; mais il dit : « Que la volonté de Dieu se fasse ! » Il descendit tranquillement, causa avec les gendarmes, leur fit servir à manger et demanda seulement une heure pour prier librement. Il fit alors une de ces longues prières qui lui étaient habituelles, et où il embrassait l’Église catholique tout entière[1]. La nuit se passa de la sorte. Le lendemain matin, samedi 23 février, on le mit sur un âne et l’on partit.

Avant d’arriver à la ville, l’irénaque Hérode et son père Nicète se présentèrent en voiture. Ils n’étaient pas sans relations avec les chrétiens. Alcé, sœur de Nicète, paraît avoir été affiliée à l’Église[2]. Ils prirent, dit-on, le vieillard au milieu d’eux dans la voiture, et essayèrent de le gagner. « Quel mal donc y a-t-il, pour sauver sa vie, à dire Kyrios Kæsar, à faire un sacrifice et le reste ? » Polycarpe fut inflexible. Il paraît que les deux magistrats s’emportèrent alors, lui dirent des paroles dures et le chassèrent si rudement de la voiture, qu’il s’écorcha la jambe.

On se dirigea vers le stade situé à mi-côte du mont

  1. Ἁπάσης τῆς κατὰ τὴν οἰκουμένην καθολικῆς ἐκκλησίας. Cf. § 19 et la suscription.
  2. Mart. Polyc., 17. Cf. pseudo-Ignace, ad Pel., 8 ; ad Smyrn., 13.