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connue et l’a tenue pour un ouvrage de Polycarpe[1]. Sans cette autorité, on rangerait l’opuscule, avec les épîtres de saint Ignace, dans cette classe d’écrits de la fin du iie siècle, par lesquels on cherchait à couvrir des noms les plus révérés les doctrines antignostiques et favorables à l’épiscopat. La pièce, un peu banale, n’a rien qui convienne spécialement au caractère de Polycarpe. L’imitation des écrits apostoliques, surtout des fausses épîtres à Tite et à Timothée, de la première de Pierre, des épîtres de Jean, y est sensible. L’auteur ne faisait aucune distinction entre les écrits authentiques des apôtres et ceux qui

    (§§ 3 et 11), complique bizarrement d’une allusion a la IIª Petri, iii, 15. Ce qui concerne Valens, dans les §§ 11 et 12, surprend un peu. Polycarpe n’avait aucun droit de parler ainsi, et cela parait imité des épîtres pastorales de Paul. Le § 13, dans toutes les hypothèses, est de l’auteur des épîtres pseudo-ignatiennes.

  1. Irénée, III, iii, 4. L’argument perdrait de sa force, si l’on admettait qu’Irénée ait aussi été trompé par les épîtres pseudo-ignatiennes. Mais il n’est pas sûr qu’Irénée ait connu le texte de ces épîtres. La parole d’Ignace qu’il cite (V, xxviii, 4) pouvait être traditionnelle. En tout cas, même en supposant qu’Irénée ait lu l’épître d’Ignace aux Romains, il n’a pas connu le recueil des sept lettres pseudo-ignatiennes. Si Irénée avait possédé ce recueil, il semble qu’il le citerait davantage. La ressemblance de l’épître attribuée à Polycarpe et des épîtres pseudo-ignatiennes vient peut-être de ce que l’auteur de ces dernières s’est fait imitateur de l’ouvrage qu’il a interpolé. Irénée paraît avoir connu l’épître de Polycarpe séparée, non engagée, comme elle est maintenant, dans le Corpus ignatien et altérée en vue de ce Corpus.