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véritable de Jésus, altérée, selon eux, par ses disciples immédiats.

À l’exemple de Paul, d’Ignace et des autres pasteurs célèbres, Polycarpe écrivit beaucoup de lettres aux Églises voisines et à des particuliers, pour les instruire et les exhorter[1]. Une seule de ces lettres nous aurait été conservée[2]. Elle est adressée aux fidèles de Philippes, à propos de confesseurs destinés au martyre, qui passèrent chez eux, allant d’Asie à Rome[3]. Comme tous les écrits apostoliques ou pseudo-apostoliques, c’est un petit traité des devoirs de chacune des classes de fidèles qui composent l’Église. Des doutes sérieux s’élèveraient contre l’authenticité de cette épître[4], s’il n’était constant qu’Irénée l’a

  1. Irénée, dans Eus., H. E., V, xx, 8 ; lettre à Florin ; saint Jérôme, De viris ill., 17.
  2. Voir l’édition de Zahn, Leipzig, 1876, renfermant aussi le Martyre, dans les Patres apost. de Gebh. et Harn., II. Les prétendus fragments conservés par Victor de Capoue sont sans valeur. Zahn, p. xlvii-xlviii, 171-172.
  3. §§ 1 et 9. Les enchaînés du § 1 seraient les ἄλλοι οἱ ἐξ ἡμῶν (d’autres lisent ὑμῶν) du § 9. Voir les Évangiles, introduction, p. xxviii et suivantes.
  4. L’écrit a les liens les plus étroits avec les épîtres ignatiennes ; mais ce n’est pas là une objection insoluble (voyez les Évangiles, p. xxviii et suiv.). Une plus forte objection vient de ce que l’écrit est adressé aux Philippiens, sur qui Polycarpe n’avait pas d’autorité. On est tenté de croire que cette adresse a été supposée pour amener le rappel de l’épître de saint Paul