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athée pour nier les superstitions locales et s’élever contre les charlatans.

On conçoit combien un tel milieu devait être favorable à la propagation du christianisme. On n’exagérerait peut-être pas beaucoup en admettant que près de la moitié de la population s’avouait chrétienne[1]. Dans certaines villes, comme Hiérapolis, la profession du christianisme était publique. Des inscriptions lisibles encore attestent des fondations bienfaisantes, dont les distributions devaient se faire « à Pâques et à la Pentecôte[2] ». Des associations coopératives d’ouvriers, des sociétés de secours mutuels y étaient savamment organisées[3]. Ces villes manufacturières, qui possédaient depuis longtemps des colonies juives[4], lesquelles y avaient peut-être apporté les industries de l’Orient, s’ouvraient à toutes les idées sociales du temps. Les œuvres de charité y étaient très-déve-

  1. Lettre de Pline ; l’Alexandre de Lucien. Cf. Peregr., 13.
  2. Inscription publiée par Wagener, dans la Revue de l’instr. publ. en Belgique, mai 1868, p. 1 et suiv. Le Publius Ælius Glycon de cette inscription ne saurait être un vrai juif ; c’est probablement un judaïsant, un judéo-chrétien. Rapprochez les Actes fabuleux de saint Abercius, qui semblent avoir été fabriqués sur le vu de cette inscription et des autres épitaphes d’Hiérapolis. Halloix, Ill. Eccl. or. script., II, p. 136 et suiv. ; Baronius, à l’année 163, no 11 et suiv.
  3. V. Saint Paul, p. 354 et suiv. ; Wagener, l. c.
  4. Josèphe, Ant., XII, iii, 4 ; Wagener, Inscr. gr. recueillies en Asie Mineure, p. 18-19.