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le consulter. Abonotique devint le centre d’une thaumaturgie effrénée. Le résultat fut une fabrication abondante d’images peintes, de talismans, d’idoles d’argent et de bronze, qui eurent une vogue extraordinaire[1]. Alexandre fut assez puissant pour monter dans son canton une vraie persécution contre les chrétiens et les épicuriens, qui refusaient de le croire[2]. Il établit un culte qui, malgré son caractère entièrement charlatanesque et même obscène, eut beaucoup de vogue et attira une foule d’hommes religieux[3]. Ce qu’il y eut de plus singulier, c’est que des Romains considérables, tels que Sévérien, légat de Cappadoce, et le consulaire Rutilianus, l’un des premiers personnages du temps[4], furent sa dupe, et que l’imposteur obtint que le nom d’Abonotique fût changé en Ionopolis[5]. Il demanda aussi que le monnayage de cette ville portât désormais d’un côté l’effigie de Glycon, de l’autre, la sienne, avec les attributs de Persée et d’Esculape[6]. Effectivement, les monnaies des Abo-

  1. Lucien, traité cité, § 18. Cf. Gazette archéol., nov. 1878, p. 179 et suiv. ; Fr. Lenormant, Catal. Behr, p. 228.
  2. Voir ci-dessus, p. 309 et suiv.
  3. Lucien, op. cit., § 38.
  4. Waddington, Fastes, p. 235-236. Voir notre livre VII.
  5. Ce nom a traversé toute la période byzantine et a survécu jusqu’à nos jours dans celui d’Inéboli.
  6. Lucien, Alex., 58.