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celui de Jupiter au choix du fondateur de la colonie. Adrien élevait partout des temples à cette divinité protectrice de Rome, et la plus importante de ses constructions personnelles fut ce grand temple de Vénus et Rome, dont les restes se voient encore près du Colysée. Il était naturel que Jérusalem, à côté du temple de Jupiter Capitolin, eût son temple de Vénus et Rome. Le hasard voulut que ce second temple ne fût pas éloigné du Golgotha[1]. Cela donna lieu plus tard, de la part des chrétiens, à des réflexions singulières[2]. On vit dans ce voisinage une injure au christianisme, à laquelle certainement Adrien ne pensa point. Les travaux avancèrent lentement, et, quand Adrien, deux ans après, reprit la route de l’Occident, la nouvelle Colonia Ælia Capitolina était encore plutôt un projet qu’une réalité.

Il circula longtemps parmi les chrétiens un récit singulier : c’est qu’un Grec de Sinope, nommé Aquila[3],

  1. Vie de Jésus, p. 431, note (13e édit. et suiv.).
  2. Eusèbe, Vie de Const., III, 26 ; saint Jér., Ép. 49 à Paulin (IV, 2e part., p. 564, Martianay) ; Sulp. Sev., Hist. sacra, II, 31 (cf. 30) ; Sozomène, II, 1 ; Socrate, I, 17.
  3. Épiph., De mens., 14-15 (comp. l’abrégé De LXX interpretibus attribué à Épiphane) ; Sifra, sect. Behar, i, 9. Nous croyons le récit d’Épiphane vrai pour le fond ; mais il a dû confondre Aquila, le traducteur de la Bible, avec un homonyme ; le traducteur, en effet, semble avoir été un juif, élève d’Aquiba. Il se peut aussi que ce soit par confusion avec Aquila, le mari de